samedi 4 juin 2011

Forgetters + Silent Front + Sport + Torticoli @ Grrnd Zero, 19/05/2011

Torticoli

Sport

Sport


Silent Front

Silent Front

Silent Front

Forgetters

Forgetters

Forgetters

Forgetters


Forgetters ! Le groupe de Blake (qui?) de Jawbreaker (quoi?) au grrnd, j'en avais pas révé mais ils l'ont quand même fait, et après y avoir réfléchi pendant quelques semaines je me suis dit que çà allait quand même être potentiellement bien cool. Il faut dire que c'est assez rare de voir des héros de ma jeunesse en concert, alors même si Forgetters n'a sans doute pas (encore?) l'envergure d'un Jawbreaker, je ne vais pas cracher sur un tel évènement, surtout actuellement.

En effet, si dans mon panthéon personnel, Bob Mould est Dieu, alors Blake Schwarzenbach est au moins l'égal de Moïse, et les 4 LPs de Jawbreaker (oui, même le majorisé "Dear You") parus entre 1990 et 1995 tiennent encore vraiment bien à l'épreuve du temps. Si vous n'avez jamais entendu Jawbreaker, ben c'est un peu une sorte de groupe à la croisée de pas mal de chemins, avec une grosse base de punk rock mélodique mais qui jouait une musique beaucoup plus subtile et profonde qu'elle pouvait en avoir l'air au premier abord, notamment grâce à la voix rapeuse et aux paroles bien cinglantes de Blake, ainsi qu'à une section rythmique particulièrement percutante et à des mélodies riches et prenantes... Après le split du groupe en 96, Blake est devenu prof d'anglais à la fac de New York, a fondé Jets to Brazil (indie rock pas toujours passionnant) puis Thorns of Life (que je n'ai jamais écouté), projet éphémère qui a finalement laissé la place en 2009 à Forgetters, retour au punk rock avec la bassiste Caroline Paquita (ex-Bitchin' et également super illustratrice) et le premier batteur de Against Me!.

A l'heure actuelle Forgetters n'a publié qu'un EP de 4 titres, prometteur sans être non plus renversant, mais c'était suffisant pour que je me précipite à Gerland.

Evidemment, je ne veux pas oublier qu'il y avait trois autres groupes ce soir là, puisque pas mal de gens semblaient n'en avoir rien à carrer de Forgetters et étaient là au choix pour Torticoli, Sport ou Silent Front.

Torticoli donc, avec un nom pareil c'est certainement du rock instrumental... gagné ! J'avoue que je n'étais pas spécialement venu voir ce genre de musique ce soir là mais j'ai trouvé (ce que j'ai vu de) le set du groupe assez correct, grâce à des morceaux relativement simples basés sur un nombre limités de riffs (avec notamment un super son de guitare) mais bien exploités, avec quelques plans à la Blame Game dernière période ou à la Don Caballero des débuts, quand c'était pas chiant. Pas mal dans le genre.

Sport est un nouveau groupe lyonnais, mais qui a déjà fait ses premiers concerts ailleurs (Clermont-Ferrand, Paris), on pouvait donc légitimement se demander si ils avaient quelque rapport avec la scène punk lyonnaise qu'on connait étant donné qu'ils jouent de punk rock et habitent à Lyon. Après vérification on retrouve bien Vincent, le batteur de Veuve SS derrière les fus, ainsi que trois barbus en chemise à carreaux qui s'occupent des 16 cordes. Le style de Sport est pour le moins peu usité parmi les groupes français actuels, on dirait en effet un mélange d'emo-pop 90's (du midwest !) à la Braid ou Cap'n'jazz avec des influences plus récentes du punk rock floridien à la No Idea, genre Laterman et compagnie.... Mélange un peu casse gueule mais plaisant et en tout cas original !

En tout cas le groupe s'en sort plutôt pas mal, et rappelle le super concert de Algernon Cadwallader au même endroit en 2009, et le public semble apprécier. J'entend déjà les commentaires qualifier ce groupe de trop "américain", critique à laquelle on pourrait objecter que la plupart des groupes qu'on voit ne sont sans doute pas plus français dans leurs influences, la différence étant que Sport joue une musique encore trop peu jouée en France pour que les influences en question aient été diluées dans le vin rouge et le camembert (beurk). Forcément, quand on joue de l'anarcho punk ou du hardcore old school c'est plus facile de dire qu'on est pas influencés par des groupes américains, vu que ces genres sont joués partout dans le monde !

Les lyonnais laissent la place aux anglais de Silent Front, ici plus ou moins à la maison puisque c'est déjà leur deuxième (troisième ?) concert à Lyon et que leur dernier LP est sorti sur les locaux de Bigoût (pas les chewing-gum). Silent Front joue un style qui par contre a été pas mal exploité en France, mais ils ne sont pas français, donc on ne leur voudra pas de chanter en anglais... trio basse / guitare / batterie avec un peu de chant, musique tendue noise-rock, influencée par les vieilleries de Amphetamine reptile, avec un léger coté emoisant à la Shotmaker... Il y a dix ans je me serais pissé dessus pour ce genre de musique, aujourd'hui j'avoue avoir un peu de distance avec tous ces nouveaux groupes, comme je l'ai déjà expliqué avant, et Silent Front me semble faire exactement ce qu'il faut pour plaire aux irréductibles du genre, sans essayer de faire vraiment avancer le problème. Le fait que Forgetters joue une heure plus tard a sans doute contribué à mon manque de concentration pendant le set des anglais et j'ai eu du mal à réellement apprécier leur concert même si objectivement çà avait l'air vraiment pas mal. Dans le genre. Il faudra quand même que j'écoute ce LP à l'occasion...

Je suis encore au bar quand Forgetters entonne son "Vampire Lessons", tube du EP devant une salle déjà un peu vidée, mais constituée de plein de kids de 30-35 ans. Forgetters a plus à offrir que ces 4 morceaux et va enchaîner une douzaine de chansons dans un registre proche du jawbreaker de la fin, du punk rock mélodique et complexe à fort volume et une bonne dose de personnalité. A ce niveau là je ne sais pas vraiment si j'ai trouvé çà mortel parce que c'est le groupe de Blake ou parce que c'est vraiment bien, mais je me refuse de croire que ce groupe tient entièrement sur les épaules du bonhomme même si évidemment il est la part centrale du groupe. Par contre je peux être objectif en disant que le son n'était pas au top (la voix était limite inaudible, ce qui est quand même bien dommage, et la basse était presque trop forte avec un son plutôt bizarre). Le concert a duré un bon moment, et pour un gus de 44 ans Blake ne semble pas manquer d'énergie et d'intensité tout comme ses deux comparses... Avec en prime un super contact avec le public. Il est bien clair pour lui qu'il ne retrouvera sans doute pas le niveau de succès artistique et public qu'il a pu connaitre avec Jawbreaker, mais il a l'air quand même bien heureux de jouer avec Forgetters. bref j'ai trouvé çà hyper cool mais çà m'a surtout donné envie d'écouter un hypothétique album afin de capter tous les méandres tortueux de ces chansons...

En fin de soirée, pas moyen de chopper le Ep déjà épuisé, du coup je me suis rabattu sur le zine de la bassiste, plutôt chouette.