mardi 27 septembre 2011

Take Warning + Placard @ Rock'n'roll Vengeance, 17/07/2011

Placard

Placard

Take Warning

Take Warning

Take Warning


La mi-juillet est la phase de transition entre la période cool de l'été et la période déprimante (qui dure en général jusqu'à début septembre). Vous êtes pas d'accord avec moi ?

Après un week-end passé loin de Lyon, le retour sous la pluie n'est pas très engageant et c'est dans une humeur un peu maussade que je mets les pieds au rock'n'roll vengeance. Est-ce que le punk va m'égayer ?

Placard sont de retour et font encore démonstration de leur punk rock sombre et "claustrophobe". Les gens semblent apprécier, le groupe semble angoissé, en ce qui me concerne je trouve que Placard n'est pas un groupe à mettre à la porte. Parfois on voit des groupes débutants en concert, et on a déjà l'impression de pouvoir fermer les yeux et d'imaginer ce qu'ils feront une fois qu'ils auront réglé leurs petits problèmes techniques. C'est à mon avis le cas avec ce Placard là.

Take Warning eux ne sont pas des débutants, puisqu'on y trouve Maz, figure historique de la scène punk stéphanoise, ainsi que des "kids" (de 30 ans) autour de lui, dont les méfaits les plus récents sont Ken Park et Koenigstein Youth. Take Warning a la difficile tâche de continuer le courant du punk français chanté en anglais. Dans les années 90, chanter en français c'était soit faire le jeu de la loi Toubon, soit être un groupe d'emo radical, les groupes cools chantaient tous en anglais. Aujourd'hui çà parait presque étrange. Si les paroles le font, je suis prêt à entendre des groupes français chanter en chinois, islandais ou estonien, en 2011 çà me parait absurde de vouloir à tout prix coller à quelque chose d'aussi insignifiant que la nationalité. En tout cas musicalement Take Warning joue puissant, serré, et Maz a toujours autant d'énergie sur scène. C'est du punk mélodique très anglais, parfait pour aller se bastonner contre les supporters de l'équipe adverse après une rencontre houleuse au stade. Honnêtement, je ne fais pas çà tous les week-ends.

Pas étonnant que la fin de la soirée se passe donc dans une pure ambiance PMU / fête de la bière dans laquelle je me sens comme un élu UMP perdu dans une grève de mineur. Je disais quoi déjà un peu plus haut sur le sentiment d'appartenance à un pays et à une culture commune ?

jeudi 8 septembre 2011

Pink Reason + Circuit des Yeux + Antez @ grrnd zero, 11/07/2011

Antez

Circuit des yeux

Circuit des yeux

Circuit des yeux

Pink Reason


Si vous m'aviez demandé il y a deux ans qui pouvait encore sauver le rock, je vous aurais sans doute donné le nom de Jay Reatard. Le dernier héros du garage-pop en flying V ayant passé l'arme à gauche à la suite d'une crise cardiaque (à 29 ans), il ne reste donc plus que Kevin Failure, alias Pink Reason, pour mériter ce titre de sauveur du rock (à mon sens). En effet, quand on parle d'un type de moins de 30 ans, qui a grandi une partie de sa jeunesse en Sibérie, qui est ensuite devenu une sorte de SDF survivant en dealant, et qui depuis presque une décennie sort toute une série d'enregistrements plus ou moins obscurs allant du folk rock neurasthénique (son premier LP de 2007 Cleaning the mirror) au punk/hardcore (le EP Desperate Living sorti l'hiver dernier) en passant par des trucs assez bizarres, généralement avec des instruments empruntés et avec des gens différents pour l'accompagner, et toujours avec cette voix reconnaissable immédiatement, on ne peut que se dire qu'on a affaire à un personnage plutôt important.

Voir Pink Reason en concert était donc quelque chose que j'avais même du mal à imaginer, et pourtant j'ai découvert une après midi de fin de printemps à la luttine qu'une tournée était prévue et qu'elle allait passer par Lyon (avant de s'enfoncer très profondément dans l'est de l'Europe, seconde patrie de Pink Reason).

Avance rapide jusqu'à ce lundi soir de juillet, à une période qui est déjà avancée dans l'été, en tout cas pour voir des concerts. En conséquence, la foule qui se presse ce soir est assez surprenante, pas mal de gens différents des concerts habituels du lieu, mais suffisamment de gens pour se dire que Pink Reason doit quand même toucher un peu de monde dans une ville comme Lyon. Ou alors est-ce l'effet "vacances en ville" qui pousse les gens à se ruer au premier évènement musical venu ? Honnêtement, je me refuse de croire que les gens sont venus par hasard à ce concert.

La soirée commence avec Antez, un gars de Grenoble qui fait une sorte de performance bruitiste en amplifiant le son des métaux, telle une sorte de retour aux fondamentaux de la musique industrielle. Je n'ai pas regardé longtemps car le concert a lieu dans le salon du grrnd (quelle bonne idée) et la plupart des gens étant assis, il est difficile de trouver une place pour se positionner debout sans se dire rapidement que pour apprécier de voir çà il vaut mieux être également assis. Lorsque je regarde la performance de Antez, il tourne autour d'une sorte de bidon de métal en raclant le couvercle avec des objets en métal, en essayant d'en extraire le son. je finis par me dire que c'est aussi bien d'écouter le son dans la "salle d'attente" à coté sans avoir besoin d'être un spectateur visuel du concert. N'est ce pas aussi l'intérêt de ce genre de musique ?

La suite est assurée par Circuit des Yeux, un projet d'une fille qui tourne avec Pink Reason. Il s'agit d'une fille qui joue de la guitare électrique et branchée à plein de pédales, une sorte de folk sombre et lent avec des morceaux longs et assez prenants. En gros, une chanson commence tranquillement, une ambiance s'installe, puis elle prend de l'ampleur, plus çà avance et plus il y a d'effets, de sons, de voix, et parfois çà devient assez étrange et surprenant. J'ai trouvé çà assez intéressant, çà m'a pas mal rappelé le concert de US Girls l'an dernier au même endroit, sauf que les cassettes audios auraient été remplacées par une guitare.

Quand Kevin Failure s'installe sur une chaise au milieu du salon du grrnd zero, la lumière s'éteint et la plus grande partie du public s'asseoit en silence pour écouter le chanteur presque silencieusement. Si chez lui, au nord des Etats-Unis, il joue souvent accompagné de plusieurs musiciens dans un format électrique (avec batterie, etc), lors de cette tournée il est absolument seul avec sa guitare acoustique. Ce concert va s'avérer un moment de communion entre lui et un public très respectueux, dans une ambiance quasi religieuse étonnante. Durant une demi-heure il joue quelques titres assez emblématiques de son répertoire ("Goodbye", "Borrowed time", "dead end", "the devil always wins" - ce dernier, normalement entièrement a cappella, avec les clappements de main du public comme rythmique), ainsi que des morceaux que je ne connaissais pas, et des reprises bien senties ("bloodstains" de agent orange, que j'avais déjà entendue sur des enregistrements sans connaitre l'originale, et "ready to fight" de negative approach en rappel).
Je ne sais pas trop quoi ajouter. J'ai eu l'impression de découvrir l'intimité d'un artiste, tant les conditions s'y prêtaient, tout en ayant l'impression que un concert de Pink Reason a l'atmosphère et l'ambiance propre au lieu où il se fait, aux gens qui y assistent, à l'humeur du bonhomme, aux morceaux sélectionnés (il en a joué 7 ou 8 alors qu'il doit en avoir une centaine dans sa guitare). Je suis reparti de là en me disant que j'avais assisté à un grand moment, mais sans la frustration de se dire qu'il ne pouvait pas se reproduire. Chaque concert de Pink Reason semble être différent et çà me donne de l'espoir pour l'éventualité où je le reverrais. N'est ce pas la marque des grands ?